Les Soirées PechaKucha Québec sont de retour

J’adore la créativité sous toutes ses formes. J’aime les événements qui la soulignent comme les Creative Mornings. Et il y a maintenant une nouvelle façon de partager des idées en buvant un verre à Québec. C’est le retour des Soirées PechaKucha le 3 mai chez Noctem Artisans Brasseurs. Je précise le retour, car elles ont été organisées par l’équipe du Cercle Lab Vivant pendant quelques années.

Les Soirées PechaKucha sont de retour le 3 mai 19 h 30 chez Noctem Artisans Brasseurs

Les Soirées PechaKucha sont de retour le 3 mai 19 h 30 chez Noctem Artisans Brasseurs

Qu’est-ce qu’une soirée PechaKucha?

Avez-vous déjà assisté à une présentation PowerPoint tellement plate et interminable que vous auriez aimé être ailleurs? Les américains appellent ça Death by PowerPoint. Une soirée PechaKucha, c’est tout sauf ça. Impossible de s’endormir pendant la présentation, car elle ne dure que 6 minutes 40. Pas une seconde de plus. Les conférenciers de différents horizons viennent présenter un projet créatif avec comme seul support visuel, 20 images qui changent automatiquement toutes les 20 secondes. La formule est simple et dynamique. Il faut être concis et original. Pendant la soirée, une dizaine de conférenciers se succèdent. Ça donne un rythme entrainant où l’on n’a pas le temps de s’ennuyer.

D’où vient cette idée de fou?

Les architectes Astrid Klein and Mark Dytham de Klein Dytham architecture ont inventé ce concept parce que selon eux les architectes parlent trop. Il fallait trouver un moyen de raccourcir leurs présentations. D’où la contrainte de présenter avec 20 images qui changent automatiquement toutes les 20 secondes. Ils ont organisé la première soirée en 2003 à Tokyo et  il y a maintenant des événements dans plus de 1000 villes à travers le monde. Pour votre gouverne, le terme PechaKucha signifie l’art de la conversation en japonais. D’ailleurs, le dialogue est le thème de la soirée du 3 mai. Fait amusant, les événements doivent absolument avoir lieu dans un endroit avec un permis d’alcool. Comme quoi on ne se prend pas au sérieux et que le but est d’avoir du fun tout en partageant des idées.

Qui sont les conférenciers pour la Soirée Dialogue du 3 mai?

1. Pierre Côté, professeur titulaire à l’École d’architecture de l’Université Laval

2. Paul Bordeleau, illustrateur et auteur de bandes dessinées

3. Marie-Josée Lépine, artiste peintre, auteure de la relève et chargée de projets en art et en culture

4. Jean-Pierre Bédard, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Montcalm

5. Geneviève Guimont, architecte cofondatrice de la firme Parka – Architecture & Design

6. Émilie Turmel, poète et auteure

7. Alain A. Viau, professeur titulaire au Département des sciences géomatiques de l’Université Laval et artiste-peintre

8. Jean-Philippe Simard, urbaniste et designer urbain, chargé de projets à La Pépinière Espaces collectifs

9. Catherine Dorion, chroniques, politique active, poésie, réalisation, théâtre

10. Anne-Josée Lacombe, responsable de la médiation numérique au Musée national des beaux-arts du Québec

11. Christina Moscini, directrice, conceptrice, productrice de la troupe Burlestacular

Avec 11 conférenciers, plus une performance de danse contemporaine, ça promet! Et seulement 5,20 $ pour une soirée d’inspiration, c’est tout un deal! Que vous soyez artiste, designer, publicitaire, architecte, communicateur ou simplement curieux, j’espère vous croiser. Question d’échanger sur la créativité, une pinte d’IPA à la main.

La créativité est dans la nature

Stéphane Boucher a toujours aimé les systèmes. En tant qu’ingénieur en physique, il en a construit pendant plus de 25 ans pour de grandes entreprises. Aujourd’hui, fort d’une maitrise en biomimétisme, il s’inspire des  systèmes que l’on retrouve dans la nature. Son entreprise Biomimetech offre des services de consultation en innovation technologique via une approche biomimétique et de la consultation en créativité appliquée aux équipes de travail en entreprise. Rencontre avec un homme qui croit profondément que la créativité de la nature peut aider les humains.

PhotoStéphaneBoucher

Stéphane Boucher, biophysicien et communicateur scientifique

1. Les organismes vivants s’adaptent à leur environnement pour survivre, peut-on dire que la nature est créative?

Oui, elle est très créative et elle innove constamment. On a juste à regarder le nombre d’espèces de plantes, d’oiseaux, d’arbres, d’animaux pour s’en convaincre. Tout ça est parti d’une bactérie à une seule cellule pour évoluer vers des organes et un système nerveux. D’ailleurs, on commence à peine à comprendre le fonctionnement du cerveau.

2. Comment fonctionne le biomimétisme et quelles sont ses applications?

La nature est un modèle qui fonctionne très bien depuis des milliards d’années. C’est autogéré et équilibré. On peut se servir de cette intelligence naturelle pour nous aider à trouver des solutions à différents problèmes. Il y a trois sortes de biomimétisme. Le biomimétisme de forme. C’est lorsque l’on s’inspire de la forme des chardons (tocs) pour créer le velcro ou des ailes des oiseaux de proie pour réduire la trainée sur les ailes des avions. Il y a aussi le biomimétisme de processus comme lorsque l’on étudie la photosynthèse pour essayer de recréer un principe similaire. Puis il y a le biomimétisme de système qui consiste à étudier en profondeur comment fonctionne un système complexe comme une ruche.

3. Quelle est la découverte la plus surprenante que tu as faite en observant la nature?

La nature communique de mille et une façons. Il y a des liens, des connexions et des échanges partout. Il y a beaucoup d’intelligence que l’on n’a pas encore comprise. Le réseau racinaire des arbres par exemple est très impressionnant. Les arbres communiquent par leurs racines, c’est un véritable internet biologique. Dans la forêt, les champignons aussi transportent de l’information. Scientifiquement., il y a de plus en plus d’évidences qu’il y a des échanges dans la nature. Et c’est normal car la nature est un tout.

4. Est-ce que le biomimétisme peut également aider à améliorer les relations humaines?

Oui, en observant les abeilles, on s’est rendu compte qu’elles vivaient en démocratie. Lorsqu’elles atteignent un certain nombre, des abeilles choisies par le groupe partent à la recherche d’un endroit pour fonder une nouvelle colonie. Lorsqu’elles reviennent, elles expliquent ce qu’elles ont vu et partagent l’information. Les abeilles débattent et elles passent au vote. Ce principe de fonctionnement en petites équipes de travail, qui testent des idées en parallèle, on voit ça beaucoup dans la gestion organique des startups. Les meilleures idées gagnent par démocratie. Par exemple, chez Facebook, on travaille sur des milliers de versions en même temps et la meilleure version est appliquée au plus grand nombre.

L’intelligence collective est aussi à l’œuvre dans une fourmilière. C’est très ordonné et ça inspire de l’innovation sociale. Les modèles de fonctionnement de la nature peuvent très bien s’appliquer aux organisations sociales.

5. Tu as travaillé comme ingénieur de systèmes pendant 25 ans, quel lien vois-tu avec ce que tu fais aujourd’hui?

La physique, c’est les systèmes, le fonctionnement des choses, c’est la même chose dans la nature. Pendant 25 ans, j’ai observé le non-vivant, maintenant j’étudie le vivant.  La nature fait des réseaux comme en physique. Maintenant, je sensibilise les gens au fait que la terre est un écosystème. Si on nuit à la nature, on se nuit soi-même. Avant de vivre dans des villes, nous étions en harmonie avec la nature. Maintenant, on la domine, la contrôle et l’exploite. Mais il ne faut pas oublier que nous en sommes toujours dépendants.

6. Quelle est la part d’intuition dans ton travail?

Lorsque je donne des formations et des cours, je peux inspirer les gens  à considérer les choses différemment, à penser à des solutions qui sont en harmonie avec la nature. Je me sers aussi de mon intuition pour écrire un livre sur la résilience. Je crois que l’on peut s’inspirer de la résilience de la nature pour faire émerger nos forces. La nature a une grande force d’adaptation et je veux faire le lien avec notre capacité de rebondir en tant qu’humain.

  7. De quelle façon la nature innove-t-elle?         

La nature est comme nous, lorsqu’elle fait face à des problèmes, elle devient créative. C’est en affrontant l’adversité  que la nature est devenue aussi abondante.  Les défis ont forcé la vie à devenir ingénieuse, à contrer  l’obstacle, à innover et à penser autrement. Parmi les innovations marquantes, on peut penser à la création des sexes mâle et femelle. Il y a aussi la photosynthèse qui a permis la vie terrestre. Et bien sûr la création  de la cellule nerveuse et du cerveau. Toutes ces innovations n’ont qu’un seul but, la reproduction des espèces et la transmission des gènes. En fait, c’est le minuscule gène qui est le grand boss de la vie. L’intelligence humaine est dans l’ADN.

Stéphane nous incite à repenser notre relation avec la nature. À s’en rapprocher pour retrouver la connexion que l’on a perdue. Il nous invite aussi à faire des choix énergétiques et alimentaires plus harmonieux. Et bien sûr à observer les petits miracles qui se déroulent sous nos yeux chaque jour dans la nature. D’ailleurs, à quand remonte votre dernière marche en forêt?